mardi 2 septembre 2014

Evacuation du campement de Cleunay

Comme nous l'avions préalablement annoncé avant les vacances, une cinquantaine de migrants ont été contraints de passer l'été dans un campement précaire installé à Cleunay le 11 juillet.
Nous espérions ainsi offrir un refuge aux familles à la rue, tout en interpellant les pouvoirs publics sur leurs obligations légales. Cependant toutes nos propositions ont été rejetées, alors même que le campement avait subi des menaces racistes dans la nuit du 2 août. La mairie de Rennes a refusé de signer une convention nous permettant, à minima, d'héberger et de protéger les migrants sur le camping municipal, pourtant à moitié vide.
La seule réponse municipale face à cette situation d'urgence a été une procédure au TA pour en demander l'expulsion. Parmi les raisons invoquées : trouble à l'ordre public justifié par les menaces racistes dont les migrants furent victimes !

Toutefois, suite à nos pressions conjointes avec les élus de la liste "Changez la ville" (Front de Gauche et Verts), la municipalité rennaise a accepté d'héberger à l'hôtel 6 familles avec enfants, la condition expresse étant qu'elles n'aient pas d'OQTF (obligation à quitter le territoire), excluant ainsi les plus vulnérables. Ces familles ont ensuite dû se présenter quotidiennement à la mairie pour obtenir une seule nuit d'hôtel. Depuis le 28 août, les nuitées d'hébergements sont dorénavant attribuées à la semaine.
Le TA ayant rendu sa décision, le campement devait être évacué au matin du 1er septembre. Le week-end dernier a donc été largement consacré au démontage, grâce à l'aide des sympathisants et aux voisins solidaires qui ont assuré sur place leur soutien matériel et moral.

Afin d'éviter les risques d'arrestation lors de l'évacuation, 19 personnes (parmi lesquelles des enfants) ont été mises à l'abri dimanche soir, grâce à une large mobilisation citoyenne d'hébergement solidaire.

Seuls 7 migrants en « situation régulière » ont passé la dernière nuit sur le campement. La Ville de Rennes a finalement renoncé à faire intervenir les forces de l'ordre et nous avons décidé de plier les dernières tentes, après avoir obtenu la garantie que les 7 personnes seraient relogées.

A 18 h un rassemblement était organisé devant la mairie pour rappeler que toute personne en situation de détresse, quelle que soit sa situation administrative ou familiale, doit être mise à l'abri. Toutes les familles ont finalement obtenu un hébergement de 3 nuits, les célibataires étant une nouvelle fois exclus de toutes propositions de relogement.

Comme l'État, la Ville de Rennes privilégie l'hébergement hôtelier. Nous dénonçons ce choix politique dispendieux. Nous continuons à réclamer la mise en place de conventions d'occupation sur des bâtiments publics vacants, comme nous l'avons fait dernièrement avec le secours-catholique, afin d'assurer un relogement pérenne et un « lieu de vie » adapté aux migrants : possibilité de se poser en journée, de cuisiner, de recréer un « chez soi ».

Aujourd'hui le front national doit être satisfait, lui qui ,dans un tract infâme distribué à Cleunay, soutenait la demande d'expulsion du campement impulsée par la mairie. Mais il y a aussi d'autres citoyens chez qui la colère gronde et qui sont bien décidés à continuer de faire vivre l'humanisme et la solidarité qui les animent.

Faire vivre la solidarité, ce n'est pas demander aux citoyens d'assumer intégralement la charge des carences publiques en les incitant à l'hébergement solidaire, mais exiger des pouvoirs publics qu'ils respectent la loi et utilisent avec discernement l'argent du contribuable.

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