lundi 25 mars 2013

Expulsés de l'école de l'Ille, suite et vérités




Vendredi soir 22/03, et pour tout le week-end, 19 personnes connues des associations étaient à la rue, parmi elles 10 enfants et 12 personnes primo-arrivantes ou en situation reconnue de grande fragilité (par exemples, une femme enceinte). Les personnes à la rue ce week-end faisaient, pour la plupart, partie de celles qui ont été expulsées du gymnase de l'école de l'Ille mercredi 20/03, à la demande de la ville de Rennes.

P2170472.JPGSi ces personnes n'étaient plus visibles dans la rue après 20 h ou 22 h, c'est parce que des réseaux citoyens initiés par l'association « Un toit c'est un droit » refusent de les laisser dans le froid et font tout simplement preuve d'humanité. Entre le 27 novembre 2012 (date de l'expulsion du squat de Pacé) et le 25 mars, ce sont 717 personnes qui ont ainsi été recueillies, ceci sans tenir compte des accueils réalisés par d'autres associations telles que le réseau « Bienvenue ». Durant tout l'hiver c'est , de fait, un véritable 115 bis qui s'est mis en place. Si certains migrants sont hébergés chaque soir par des citoyens français choqués de voir des enfants à la rue, l'essentiel de la charge repose sur les familles des compatriotes des personnes à la rue, compatriotes installés en France définitivement, mais qui compteront longtemps parmi les plus fragiles de notre société. Même quand le parcours du combattant de l'immigration en France se termine, les familles restent dans un équilibre moral et économique précaire. Mais la plupart se montrent spontanément solidaires de leurs compatriotes en difficulté. Mme Debroise s'en réjouit, sans se soucier des conséquences sur ces familles en cours d'intégration.
Quand la ville de Rennes, via Mme Debroise, ose déclarer qu'elle est attentive aux situations humanitaires, c'est un mensonge éhonté : non seulement elle n'a jamais initié aucune démarche vis à vis des associations ou des collectifs d'écoles pour s'inquiéter de la réalité de la situation, mais la ville a décidé en début d'année que les élus de permanence arrêteraient de recevoir les sans-abris le mercredi-matin, pour finir par les faire expulser des lieux où ils avaient trouvé refuge, sans aucune proposition de relogement et sans même daigner intervenir auprès de la préfecture pour faire appliquer la loi de réquisition.


P2170478.JPGQuant à la préfecture, qui a fait de grandes promesses à la Ligue des Droits de l'Homme et de grandes déclarations dans la presse, concernant sa volonté d'héberger les demandeurs d'asile et de signaler aux « opérateurs sociaux » les situations humanitaires devant être prise en compte, elle fait preuve elle aussi d'une incroyable malhonnêteté : le soir-même de l'expulsion du gymnase et de la condamnation de la préfecture par le tribunal administratif de Rennes pour non-hébergement des demandeurs d'asile, une famille de DA ayant gagné son référé était à la rue, chassée du hall de l'hôpital par la police et errant toute la nuit dans les rues. Le lendemain même des promesses faites par la préfecture à la Ligue des Droits de l'Homme, les services sociaux n'avaient toujours reçu aucune consigne et aucun moyens supplémentaires n'avaient été débloqués.


La politique gouvernementale actuelle, déclinée dans notre département par la préfecture, vise clairement à rendre la vie impossible aux demandeurs d'asile, et cela au mépris de toutes les conventions internationales et des recommandations du HCR de l'ONU (voir rapport publié le 21/03). Bien que restant loin derrière les États Unis, l'Europe a connu une augmentation significative des demandes d'asile mais la France est en queue de peloton, avec une augmentation de seulement 3 % (contre 48 % pour la Suède, 41 % pour l'Allemagne, 33 % pour la Suisse et 6 % pour le Royaume Uni). Cela représente en clair une augmentation de moins de 580 personnes par département. On est loin du fameux « appel d'air » qui risquerait de ruiner notre pays !

À défaut de respecter leurs promesses électorales de respect des droits de l'homme (et le droit à un logement en fait partie, de même que le droit d'un enfant à être protégé), certains politiques pourraient au moins avoir le courage d'assumer leurs choix au lieu de mentir effrontément, de vilipender les associations et de faire preuve du plus grand cynisme. Mme Debroise, élue rennaise, qui a fait le tour de Rennes un soir dans l'année et n'a vu aucun enfant à la rue, s'est bien gardée de répéter à la presse sa déclaration téléphonique à des parents d'élèves émus par la situation des petits camarades de classe de leurs enfants : « Vous n'imaginiez quand même pas que vous alliez réussir à nous apitoyer ! ». Ci-jointes les photos des enfants sur qui il conviendrait de ne pas s'apitoyer …

Joëlle Couillandre

P2170471.JPG


P2170463.JPGP2170468.JPGP2170474.JPG
P2170467.JPG

P2160453.JPG


P2160456.JPG
  + photos d'Armelle

*fourchette basse car il y a sûrement eu des hébergements non répertoriés (nous pouvons donner les noms et des hébergés et des hébergeants, date par date)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire